La Promesse de l’Aube sur le Volcan Kélimutu à Flores (Indonésie)
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19 déc., 2017
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Juin 2008. Florès. Moni. 4H30. Marcus le chauffeur, natif de Maumere, 45 ans au compteur, qui m’accompagne depuis 6 jours à Florès, frappe à la porte. C’est l’heure d’aller à la rencontre du volcan de Kelimutu, une curiosité et une magie qui attirent les touristes du monde entier. Je n’ai pas d’appréhension…en face de ma chambre la Vierge Marie veille sur moi ( la population est en majorité catholique, héritage des portugais qui ont aussi donné le nom à cette île, l’île des fleurs ).
Je distingue une forme sombre enveloppée dans une couverture jusqu’au cou. C’est un employé de l’hôtel qui me demande s’il peut m’accompagner. Evidemment. J’aurai ainsi l’occasion de partager mes impressions avec lui, ma maîtrise de la Bahasa Indonesia facilite bien des choses. La veille, à l’hôtel privé d’électricité ( les coupures sont fréquentes), seul à l’hôtel j’honorais un plat de riz et de légumes lorsqu’un groupe joyeux et bruyant s’est invité à la table voisine. Des militaires timorais en goguette venus de l’île voisine de Timor pour une semaine de vacances. Naturellement, je fais l’objet de questions et la conversation s’engage. D’où venez-vous, quel âge avez-vous ( quelle indiscrétion s’agissant d’un jeune sexagénaire !), avez-vous des enfants, pourquoi voyagez-vous seul sans votre épouse, quel est votre métier, combien avez-vous payé votre billet d’avion… J’ai dû interrompre la conversation arguant d’un réveil aux aurores. Je ne savais pas que j’allais les croiser à nouveau au sommet du Kelimutu le lendemain matin…
30 mn de trajet entre Moni, le bourg tranquille qui sert de point d’étape pour les touristes et le parking où je m’acquitte d’une somme de 25 000 roupies ( en 2017, 150 000 roupies soit 10 euros). Marcus préfère m’attendre au parking et discuter ainsi avec deux chauffeurs déjà présents. Mais je le soupçonne d’avoir incité l’employé de l’hôtel à m’accompagner. Car, il est inquiet Marcus. Depuis ma chute tout habillé dans les eaux chaudes près de Bajawa avec argent, passeport, téléphone, carte bleue et tutti quanti, il me surveille comme le lait sur le feu. En fin de compte il a délégué ce rôle à mon accompagnateur ! Une fraîcheur vivifiante nous accompagne au cours de la montée. Le chemin est facile d’accès. Après avoir parcouru environ 1,5 km, on termine la montée par 127 marches. Une balustrade aide à franchir les dernières dizaines de mètres. En moins de 30 minutes nous arrivons à destination. Dans l’obscurité ambiante ma lampe torche est bienvenue même si au sommet une faible lueur commence à distiller une pâle lumière, la promesse de l’aube…
On devine des ombres. Elles appartiennent à 5 touristes qui comme moi attendent de jouir d’un instant unique. 2 couples, Russe et Allemand, un Ecossais et moi-même. On fait silence. Le lieu est magique. Il inspire le respect et peut-être aussi la crainte à proximité de ces trois cratères encore endormis. N’oublions pas qu’appartenant à la catégorie des volcans gris, de type éruptif qui projette dans l’espace des cendres volcaniques, le Kelimutu, découvert par des géologues hollandais en 1914 au moment où l’Europe allume une mèche meurtrière, reste actif. Nous sommes à un peu plus de 1600m ( sommet à 1639m) mais nous dominons un manteau cotonneux qui enveloppe la vallée. Le globe lumineux va surgir à l’horizon comme s’il sortait de son lit. Nous assistons à la naissance du monde. Le ciel flamboie à la lisière du trait nuageux, le moutonnement des nuages s’éclaire, les eaux sombres des trois cratères pâlissent, le mystère de ce phénomène géologique singulier se dévoile, l’ombre devient lumière et les cratères apparaissent dans le chatoiement des couleurs dont les nuances changent au fur et à mesure que le soleil se hisse au-dessus de l’édredon nuageux.
Nous sommes muets et conscients du privilège dont nous jouissons. La solitude nous rapproche et nous nous regardons pétrifiés de béatitude et de sérénité. Passé ce moment de plénitude, je déclenche l’obturateur de mon appareil photo pour conserver les images qui s’impriment sur ma rétine.
On ne peut par parler de sainte trinité ou de ménage à trois concernant ces trois cratères. Deux sont jumeaux mais le 3ème a pris ses distances. Les jumeaux sont séparés par une crête rocheuse, l’un le Tiwu Nuwa Muri Koo Fai, symbolise la jeunesse, l’autre le Tiwu Ata Polo, est plus tourmenté, monde des sortilèges ou d’enchantement, c’est selon. Le 3ème le Tiwu Ata MBUPU est le siège des personnes âgées.
On ne perçoit pas en observant les trois lacs la menace sous-tendue par la signification du mot Kelimutu, la montagne bouillonnante. Je me penche, mais pas trop – le lac est acide- sur le TIWU NUWA KOO FAI. Sa couleur, où le bleu domine, est attirante mais elle peut changer comme en 2016 où le bleu a fait place au blanc. Les échanges chimiques comme le pinceau du peintre usent de leur libre arbitre pour changer la teinte de leur œuvre, la couleur du lac. Le lac des ancêtres revêt un visage sombre, la couleur du deuil. Il est bordé face à moi par une falaise qui lui sert de frange mais de mon côté la pente abrupte me rend prudent. J’éprouve un certain vertige. Le TIWU ATA POLO quant à lui tend un miroir brun. Les légendes locales donnent évidement une autre explication à ce phénomène géologique et chimique. C’est de bonne guerre. Les esprits à savoir les âmes des morts y résident… …mais ne réveillons pas les âmes noires nichées dans les profondeurs. Il est temps après 2h passées au chevet des trois lacs de redescendre. Il est 8h. C’est à ce moment qu’une clameur surgit en contrebas, c’est mon groupe de Timorais qui grimpe les dernières marches en s’esclaffant avec forces gestes et voix qui portent. On se salue et on entame la conversation. On me demande de faire un cliché du groupe avec l’appareil photo qu’on me tend…je tente de déclencher l’obturateur, en vain. La batterie est déchargée ! Le groupe éclate de rire sans amertume. Alors je propose de faire une photo avec mon appareil que je leur montre sur mon réflex. A mon retour en France, j’ai envoyé plusieurs clichés à Marcus, à charge de les redistribuer ce que j’ai pratiqué aussi pour les personnes rencontrées au cours de mon séjour à Florès. Je me promène autour du volcan et prends quelques clichés de la végétation aux alentours. Le Kelimutu est doté d’un parc national qui recèle une riche biodiversité. La flore est abondante et variée et j’ai pu rapidement identifier des bégonias et des rhododendrons.
La descente est rapide accompagnée par une lumière qui contraste le paysage. Marcus m’attend sur le parking et il me fait une proposition bizarre, celle de le suivre à pied sur le chemin empierré pendant 2 kms ! J’accepte mais l’estomac proteste un peu. Ce n’est que partie remise. De retour à l’hôtel je m’enfile une crêpe à la banane, un œuf sur plat et un café. Pour la douche c’est autre chose. Elle laisse passer un mince filet d’eau puis un goutte à goutte et enfin panne sèche. La responsable de l’hôtel me propose d’utiliser une autre chambre libre. L’honneur est sauf. Je nouerai des liens avec la famille qui gère l’hôtel, laissant mon statut de client provisoirement en retrait.
Cette route est un
road trip à part entière qui fait
voyager entre terre et mer. Nous l’avons
prise à partir de Carmel jusqu’à notre petit cottage situé à Pismo Beach,
traversant sa partie la plus intéressante qui s’étend de Carmel à San
Simeon : bienvenue sur le Big Sur.
Notre road trip a
commencé à San Francisco, ville marquée dans notre imaginaire collectif par le
« Summer of love » de 67 et je me suis demandée si « la maison
bleue adossée à la colline » existait bel et bien et si les rues sont
encore emplies du parfum mythique de « tous les hippies de San Francisco,
plein d’amour brûlant dans leurs yeux ».
14 novembre 2021. Les roues de l’avion entrent en
contact avec la piste unique de l’aéroport de Sao Pedro sur l’île de Sao
Vicente, une des 10 îles du Cap Vert.
L’avion est bondé. Comme le mien l’était en mars 2020
de retour d’Ethiopie. Et pour cause les opérations de rapatriement
transformaient l’aéroport d’Addis Abbeba en ruches bourdonnantes. Les avions
étaient pris d’assaut. Le virus entamait sa course mortelle autour du globe.
Depuis, l’Ethiopie est le théâtre d’une guerre civile meurtrière dans la région
Nord où je randonnais. Depuis je pense souvent à ceux que j’ai pu croisés ou
rencontrés ? Que deviennent-ils ?
« Quien no ha visto Sevilla, no ha visto maravilla », traduction littérale : « Celui qui n’a jamais vu Séville n’a jamais vu de merveille ». Ce dicton résume à lui seul cette ville. Dressée le long du Guadalquivir, sa situation stratégique lui a permit d'être une ville puissante et riche. Grâce à son histoire, Séville a hérité d'un passé arabe et quelques siècles plus tard, elle fut également le principal port de commerce en Europe vers les Amériques au temps de la conquête espagnole.
Passer de la climatisation de l’avion à un bain de chaleur
voilà le premier contact avec le Vietnam et sa capitale Hanoï. En ce début
d’après-midi il fait 40°. Commence notre périple de 15 jours du Nord au Sud.
Cette année 2010 Hanoï fête ses mille ans. L’empereur Ly Thai
Tô en 1010, au septième mois lunaire, fonda ce qui allait devenir Hanoï. La vue
d’un dragon surgissant du ciel, heureux présage selon lui, l’incita à faire du
lieu sa capitale « Thang Long » la ville du dragon qui s’élève.
Mai 2016. Madame et moi décidons de visiter l’île de Madère
située à une portée d’heures de l’hexagone.
L’envie me tenaillait depuis plusieurs années de fouler cette
étonnante île volcanique accueillante aux amoureux ou aux passionnés des
fleurs, de la nature sauvage, des randonnées pédestres le long des levadas.
Le
cortège s’échelonne sur plusieurs centaines de mètres et progresse
tranquillement. Beauté et sérénité se dégagent de cette houle blanche qui coule
sur l’asphalte. Des bannières et des parapluies multicolores se balancent au
milieu de ce moutonnement humain. Un étrange animal comme une sorte de monstre
à quatre pattes se dandine au milieu d’hommes portant chemise blanche et sarong
à damier à carreaux noirs et blancs. Des gongs et des métallophones nimbent
l’atmosphère d’une musique syncopée parfois striée par le son d’une flûte...
Nous sommes le mercredi 4 avril 2017. C’est jour de Galungan.
Depuis 7 heures du matin, assis en plein vent à l’arrière de
notre bateau sur un fauteuil en bambou, je contemple le sillage qui strie les
eaux du fleuve mythique et nourricier du Myanmar, l’Irrawaddy. Il fait froid. Un
brouillard digne des brumes du plat pays cher à Jacques Brel nous accompagne depuis
le départ de Mandalay. Il nimbe le large et vaste fleuve d’une atmosphère à
même de susciter en nous des vapeurs nostalgiques ou romantiques. Par le
travers, apparaît une embarcation chargée à ras bord de birmans comme une ombre
fantomatique ou un banc de poissons filant sous le nez du plongeur en apnée.