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Randonnée au Cap Vert

  • par websitebuilder
  • 15 juil., 2022


14 novembre 2021. Les roues de l’avion entrent en contact avec la piste unique de l’aéroport de Sao Pedro sur l’île de Sao Vicente, une des 10 îles du Cap Vert.

L’avion est bondé. Comme le mien l’était en mars 2020 de retour d’Ethiopie. Et pour cause les opérations de rapatriement transformaient l’aéroport d’Addis Abbeba en ruches bourdonnantes. Les avions étaient pris d’assaut. Le virus entamait sa course mortelle autour du globe. Depuis, l’Ethiopie est le théâtre d’une guerre civile meurtrière dans la région Nord où je randonnais. Depuis je pense souvent à ceux que j’ai pu croisés ou rencontrés ? Que deviennent-ils ?

Ethiopie. Tigré. Quel destin pour eux aujourd’hui ?

Puis au moment où je rédige ce blog la fureur guerrière d’un homme ouvre les portes de l’Enfer en Ukraine avec son cortège de sang, de larmes, d’héroïsme, de résilience, de peur...J’ai hésité puis à mon modeste niveau je me suis dit qu’évoquer cette randonnée dans un pays magnifique et pacifique était une forme d’espoir et d’optimisme au service de la paix et des relations entre les peuples partout dans le monde.

 

Automne 2021. Le Covid desserre momentanément son étreinte permettant d’ouvrir un peu plus les portes du voyage aérien.

Le septuagénaire que je suis rongeait son frein...alors il programme en compensation de sa frustration une randonnée au Cap Vert et plus précisément dans l’île de Santo Antao le paradis des marcheurs. 

Le Cap Vert un chapelet de terres insulaires au large du Sénégal regroupées soit sous le vent soit au vent. Cet archipel est le produit d’une succession de phénomènes volcaniques. 

Nombre de capverdiens résident en France, environ 50000 dont 10000 en Picardie, ma région. La ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes de Mme Moreno est d’origine capverdienne. Cette diaspora en France et dans le monde est évaluée à presque 1 million de membres pour une population de 500000 habitants. Les sécheresses qui ont douloureusement frappé le Cap Vert au siècle dernier ont provoqué des famines meurtrières. Emigrer était un gage de survie.

Port de Mindelo porte d'entrée de l'île de Santo Antao

Les difficultés d’accès à l’eau sont encore difficiles dans plusieurs régions des îles. Le ferry transportait il y encore quelques années l’eau douce de l’île de Santo Antao vers l’île de Sao Vicente. Une usine de desalinisation de l’eau de mer a pris le relais interrompant ainsi ce transport d’eau douce entre les deux îles.

Mindelo est la ville principale de Sao Vicente lieu de notre hébergement et porte d’entrée de notre destination, l’île de Santo Antao.

Notre groupe de 7 bénéficiera de la présence de Domingo, une silhouette de 3ème ligne de rugby offrant les trois P… Présence, placidité, pédagogie...Notre groupe de randonneurs expérimentés formera un collectif homogène et serein cimenté par la bonne humeur.

L'approche de Santo Antao

 Départ par ferry le lendemain matin. Les conditions sanitaires doivent être respectées. Touristes et cap-verdiens portent le masque mais sur le pont certains profitent de l’air marin pour libérer les narines du tissu protecteur.

Une heure de navigation pour gagner le port de Porto Novo où dès l’accostage une activité intense s’empare du débarcadère. Le ferry déverse sa cargaison de camions, camionnettes, motos, vans, pick-up, voitures, familles capverdiennes, touristes la plupart sac au dos etc...

Priorité aux camions, bus, véhicules...puis vient le tour des passagers

Premier jour. Le cratère de Cova et ses alentours

 Le contraste est saisissant entre la partie Nord et Sud de l’île. Au Sud une terre désertique et asséchée. Au Nord les alizés font le bonheur des vallées verdoyantes dans un contexte géologique marqué par un relief montagneux et tourmenté. Les cimes capturent les nuages qui ne pourront ainsi abreuver le flanc Sud de l’île.

 Nous grimpons vers l’arête montagneuse qui traverse l’île d’Est en Ouest sur une route pavée. Les roues vibrent sur ce revêtement étonnant fruit de travaux intenses dans les années 60 à savoir 36 kilomètres et 15 millions de pavés travaillés à la main et finement ajustés comme un immense puzzle.

La route de la Corde. Des années de labeur pour la construire.

Mais à la réflexion ces roches arrachées à la montagne, taillées comme des morceaux de sucre offrent une résistance et une stabilité incomparables.

Le paysage est aride, le sol est pierreux impropre à la culture et au pâturage. De courageuses et tenaces herbacées tentent de survivre, de se frayer un passage entre la pierraille.

De la route de la Corde vue sur une vallée

 Puis soudainement cette route de la Corde, ainsi nommée parce qu’elle passe à certains endroits d’un sommet à l’autre comme une corde tendue au-dessus du vide, nous emmène dans un environnement alpin. Pins, eucalyptus. Une relative fraîcheur caresse le visage. Les roues du minibus s’arrêtent de tourner. Place aux chaussures de marche. La nature nous accueille. Nous sommes ses invités respectueux.

Nous entamons notre première marche en pente douce vers le cratère de Cova sur un large chemin empierré.

 

Le cratère de Cova

Sur notre droite les parois abruptes accrochent peu notre regard car à notre gauche la caldeira s’offre à notre vue. Une rotonde où s’enchâssent des terres cultivées dessinant une mosaïque cernée de murets de pierre.

Nous arpentons d’étroits sentiers qui strient les espaces où la main de l’homme a posé son empreinte. La terre est sèche. Il n’a pas plu depuis des semaines. Sur les hauteurs on aperçoit un réservoir recueillant l’eau de pluie. Des vaches aux flancs étiques broutent du fourrage. Le dos courbé, un trio d’ouvriers agricoles extirpe du sol des pommes de terre. La récolte est moyenne. Le propriétaire porteur d’une combinaison bleue de mécanicien qui détonne quelque peu observe le travail.

Pas facile de ruminer quand l'herbe se fait rare.
A terre sèche récolte moyenne

 A proximité un jardin botanique occupe un espace délimité par des murailles de pierre . On est en présence d’une sorte de nursery végétale. Les pousses de pins, de cactus et autres espèces ont pour vocation à être implantées pour densifier la végétation et préserver la biodiversité. Une capverdienne cueille de longues gousses d’haricots destinées à l’alimentation familiale.

Nursery végétale
Gousse à la panse bien remplie


 Ici coexistent pousses à vocation de conservation et d’enrichissement du patrimoine végétal et plantes potagères destinées à l’alimentation domestique.

Cet endroit est protégé et fait l’objet d’un contrôle par un organisme officiel.

Cueillette des haricots achevée

 On pose le sac et les bâtons pour le déjeuner chez l’habitant. Accueil convivial. Les 7 randonneurs font honneur aux plats préparés par la maîtresse de maison.

 Entre montées et descentes faciles le groupe progresse sur des sentiers caillouteux ou terreux parmi une forêt de pins ou des espaces à découvert avec en surplomb des terrasses en cascade avec leurs ceintures minérales.

On passe devant un rocher imposant. Un cœur y est gravé au-dessus d’inscriptions illisibles.

 Au détour d’une courbe une profonde vallée encaissée surgit sur notre gauche. Notre regard plonge et capte un mouvement celui de mulets porteurs d’eau. Une bonbonne plastique fixée sur le dos, ces créatures vigoureuses et patientes empruntent un sentier raide qui les mènera jusqu’au village situé sur les hauteurs.

La corvée d'eau


 On croise un peu plus loin un groupe d’ânes ou de mulets au repos. Tranquilles, ne nous prêtant aucune attention, délestés de leur bât, ils font honneur au fourrage déposé à même le sol.

Ils reprennent des forces

De jeunes enfants postés devant leur maison de pierre au toit de chaume observe notre groupe qui chemine à quelques mètres. Famille isolée à cent lieux du bruit et de la fureur des villes.

Bonjour les enfants


 Une brume nimbe brutalement le paysage. Une main invisible jette dans l’espace des filaments qui tissent un voile léger et pudique comme une gaze sur la mosaïque végétale et minérale qui s’étale en contrebas. L’environnement provoque en nous des spasmes poétiques comme à la vue de ce segment de chemin de terre ocre serpentant entre humidité vaporeuse et arbustes indulgents.

Comme un fondu enchaîné
Harmonie du paysage de moyenne montagne


 Nous parvenons au terme de notre parcours dans le bourg d’Espongeiro.

 En résumé une escapade de 4h, une douzaine de kms parcourus. Une première journée de mise en condition agréable et facile.

Notre minibus nous mène par cette fameuse route de la corde vers Ponta do Sol via Riviera Grande, lieu de notre hébergement au bord de l’Atlantique.

Deuxième jour . Vallée de Paul, le jardin d’Eden

Le parcours le long de cette vallée verdoyante s’avère plus accidentée. Si les quadriceps et les mollets sont plus à l’ouvrage par contre les yeux sont aux anges. Un cours de botanique en plein air. Une profusion végétale et florale. Une biodiversité triomphante. Bref cette journée se déroule sous le signe enchanteur d’une nature généreuse exhibant ses richesses sans les mettre pour autant sous cloche.

Coexistence pacifique. Chacun trouve sa place dans cette densité végétale. Une leçon pour l'homme

 Dès le départ de notre randonnée à partir du bourg une ambiance chaleureuse est distillée par un groupe de capverdiens s’affairant autour d’un ombilic en cuivre. La canne à sucre est omniprésente dans cette vallée. Elle donne vie à une eau-de-vie, le grogue, la boisson nationale du Cap Vert.

Sans l'ombilic point de grogue


 Une grosse masse en bois l’un martèle la surface extérieure de la cornue afin d’éliminer les bosselures...et l’autre fait de même... à l’intérieur, sa carcasse longiligne introduite dans l’étroite ouverture. Un véritable numéro de contorsionniste.

 La végétation est d’une luxuriance et d’une diversité rares. Ses composantes vivent en parfaite intelligence faisant mentir le proverbe qui se ressemble s’assemble.

De la canne à sucre jusqu'à l'ivresse


 La canne à sucre omniprésente n’hésite pas à se frotter contre le bananier, le dragonnier ne semble pas s’offusquer de la présence de l’arbre à pain. Le manguier majestueux se tient à distance du papayer à la silhouette élancée couronnée par un feuillage parapluie qui protège un conglomérat de fruits. Au ras du sol le manioc et la patate douce mènent une vie paisible.

La canne à sucre fait tout pour attirer le regard. Coquine


 En contrebas du sentier que nous sillonnons des paysans déterrent des pousses d’igname qui seront replantées sur des lopins protégés par de petits murets avec un système d’irrigation simple mais efficace. L’eau est précieuse et l’igname est une tubercule qui en raffole. Vue des hauteurs ce potager ressemble à un damier de jeu de dames.

Culture d'ignames


 Le large chemin devient un sentier étroit. L’humidité ruisselle sur les flancs rocheux. Domingo se penche au-dessus d’un ruisseau et ramène une crevette d’eau douce dans le creux de sa main droite. Surprenant.

Nous progressons sur une pente entre rochers ou végétation touffue. Nous débouchons sur un large espace dégagé accueillant une route en construction. Pendant quelques centaines de mètres nous arpentons une terre sèche en prenant soin de se mettre à distance des engins qui arrachent ou soulèvent des rochers.


Entre rocaille et végétation tropicale
Excusez -nous. Nous ne faisons que passer


 Nous croisons quelques habitants qui nous saluent ou nous regardent en souriant. Je suis en serre file le long d’une ruelle quand un cri d’avertissement retentit. Et soudainement un mulet surgit au trot avec son propriétaire qui dévale derrière lui. J’ai à peine le temps de me plaquer contre un mur…

Mieux vaut se planquer


 Une haute savane nous enveloppe. La végétation semble avoir englouti le sentier. Nous écartons les feuillages pour progresser. Puis la vallée ouvre ses bras. La vue est large. Le regard accroche un habitat isolé plaqué contre les flancs montagneux ou perché sur un promontoire rocheux.

Dans le bourg on échange quelques instants avec un groupe d’écoliers, portant blouse et masque pour certains d’entre eux. Dans cette contrée à l’écart du monde le Covid s’invite aussi.

Le chemin c'est droit devant
Elles attendent le bus

Pause déjeuner chez l’habitant. Poissons et légumes du cru. Une curiosité. Des plantes en pots envahissent toutes les surfaces de l’habitation.

Le final de la boucle s’effectue en descente douce. Face à la muraille minérale aussi verticale que les grandes Jorasses qui nous toise on apprend la modestie. Temps gris certes mais jambes nerveuses, coeur battant certes mais tête sereine.


Verticalité

Nous ne pouvions pas quitter cette vallée sans rendre visite à une distillerie. L’introduction de la canne à sucre est liée à la colonisation avec son corollaire le trafic d’esclaves. Une machine en bois trône au milieu d’un espace dégagé. Le Trapiche - tel est son nom- est le témoin du mode de broyage de la canne à sucre pratiqué dans le passé. Le levier incurvé était manié par une paire de bœufs pendant que deux hommes glissaient les cannes entre les trois cylindres.

Le Trapiche un outil du passé

Aujourd’hui la mécanique a remplacé la traction animale. Le sirop ainsi récolté sert de base à la fabrication de l’alcool de canne. Mais auparavant il faut respecter les étapes de la fermentation dans de gros tonneaux et le chauffage dans l’alambic. Les vapeurs de sirop vont ainsi se condenser le long d’un tube rafraîchi par de l’eau froide. En bout de course en un mince filet coulera l’eau-de-vie.


Epouvantail au rebut

Le retour vers Ponta do Sol s’effectue par la route côtière. L’Océan Atlantique affirme sa présence tumultueuse. Nulle envie de se frotter aux vagues. Le balnéaire n’a pas droit de cité sur l’île.

On mesure davantage la force des éléments quand un peu plus tard sur le port de Ponta do Sol on assiste au retour des pêcheurs ballottés dans leur embarcation.

D’après Augusto les pêcheurs sont confrontés au large à la concurrence brutale de la flotte de pêche hauturière chinoise ou autres. Des bateaux-usines qui pratiquent la surpêche sans vergogne.

Cette vie est rugueuse, le produit de leur activité n’est pas au niveau des efforts produits. Après 4 à 5 heures en mer ils reviennent parfois avec quelques poissons.


La force du collectif

Ainsi cet esquif qui godille à l’entrée du port, s’infiltre derrière la jetée et accoste la grève. Le scénario est bien huilé. L’affaire rondement menée. Un groupe hisse l’embarcation à la force des bras tirant sur une corde, un capverdien jette sur le sol le maigre produit de la pêche, trois thons qui sont tout de suite vidés par un autre.

Pêche non miraculeuse

Puis c’est la pesée par un autre individu. Les thons regagneront rapidement leur dernière demeure dans une cuisine d’un restaurant pour achever leur vie terrestre peut-être dans mon assiette ce soir.

Le crépuscule tombe sur le port de Ponto do Sol

La nuit est tombée. Après le dîner une promenade s’impose le long de ce petit port où les embarcations se reposent côte à côte avant de reprendre du service le lendemain. Les lieux sont déserts. L’océan est agité. Les vagues se fracassent sans cesse sur la jetée, des geysers d’eau jaillissent. Je goûte le spectacle.

Clair-obscur

Troisième jour. De Ponta do Sol à Forminguinhas aller et retour , un balcon sur l’Atlantique


C’est une randonnée très courue. Pour les plus aguerris des marcheurs on peut prolonger jusqu’au village de Cruzinha, soit une vingtaine de kilomètres aller retour.

La route empierrée démarre du cimetière et très vite nous prenons de la hauteur avec pour point de vue la plongée vers l’océan avec des à-pics vertigineux et au détour des sinuosités en nous retournant on a une vue imprenable sur Ponta do Sol.

Une marche dynamique...et le port de Ponta do Sol s'éloigne

A la sortie de la ville on a un regard amusé sur un élevage de porcs installé à flanc de falaises. Des dizaines de niches en parpaings alignées côte à côte sur plusieurs rangs accueillent leurs locataires dont on peut apercevoir pour certains leur groin dressé vers le ciel. J’éprouve une tendresse particulière pour le porc dont certains organes peuvent nous sauver la mise. Je pense à la valve cardiaque du beau-père et récemment à une première celle de la transplantation cardiaque réalisée aux USA. Malheureusement le bénéficiaire est décédé au bout de deux mois. Une pensée égrillarde me traverse l’esprit. Je me souviens qu’au Moyen Age la vessie de porc était un moyen de contraception. On le sait tout est bon dans le porc. En revanche des chèvres très privilégiées respirent un air de liberté à proximité.

Liberté certes mais pas en abuser aussi près du vide
Des porcs en cellule certes mais leur groin hume l'air marin

Une heure de marche jusqu’au village haut perché de Fontainhas. Le chemin est pentu mais la prise de pieds est aisée sur les pavés finement ajustés. Enchantement et étonnement.

Le spectacle est partout dans cet amphithéâtre. Vous abaissez vos paupières...et on a une vue vertigineuse sur le pied des falaises où le rythme des vagues ponctue une danse tumultueuse déposant en offrande un liseré d’écume blanche. Vous relevez vos paupières... alors le cirque minéral vous impose sa présence, dévoile ses linéaments rocheux mais plus bas des franges moussues témoignent que l’homme a colonisé pour sa survie une partie de cette muraille.


Pas envie de prendre le bouillon
Cascade de terrasses tapissées de maïs

Un sujet d’étonnement et d’admiration. Je bade devant ces terrasses cultivées qui descendent en cascade. Là où le chamois exerce son autorité et sa souveraineté comment les hommes peuvent-ils cultiver ces terres tourmentées aux reliefs escarpés ? Des tiges de maïs tentent de s’élancer vers la maturité mais leurs feuilles lancéolées inclinent la tête fragilisées par le manque d’eau.


Les tiges de maïs en ordre de bataille mais visiblement au bout du rouleau

Mais le clou du spectacle réside dans les maisons colorées de Fontainhas perchées comme sur un nid d’aigles. C’est affolant de hardiesse, d’ingéniosité, de beauté. On dirait qu’une main divine a confié l’éperon rocheux toisant le précipice à des mains enfantines s’adonnant au plaisir d’un jeu de constructions.


Fontainhas, un nid d'aigles

Occuper un espace aussi ingrat et hostile à l’activité humaine trouverait-il sa source dans l’impérieuse nécessité de survivre et de s’isoler du monde ? Cette terre de traite d’esclaves et de pratique du commerce triangulaire aurait-elle ainsi accueilli des hommes et des femmes fuyant leur triste destinée à l’image des marrons des Antilles ou de l’île de la Réunion ? C’est une hypothèse crédible.


Maisons cubes comme un jeu de constructions
Au-dessus du vide

Les habitants de ce bourg ont une vue grandiose sur cette vallée brutalement échancrée se précipitant dans l’océan en passant sous une arche rocheuse majestueuse.

J’avoue avoir éprouvé un frisson d’inquiétude lorsque poursuivant notre randonnée nous nous aperçumes du gouffre se creusant sous la paroi rocheuse servant de plateforme au village.

Le chemin pavé serpente entre les murailles de dyke de lave sur notre gauche et sur notre droite la vue sur l’océan avec pour chiens de garde les arêtes basaltiques. Puis une descente en lacets nous fait cadeau d’une vue époustouflante.


Ce n'est pas un chemin de croix. Pourtant

A chaque détour des lacets une gravure dans une niche décrit les différentes étapes de la montée du Christ au Calvaire jusqu’à sa mise au tombeau. Rassurez-vous le trajet retour tout en grimpette sinueuse ne sera en rien un chemin de Croix…


La mise au tombeau du Christ

Le cheminement en haut de la falaise jusqu’au village de Forminguihas procure un sentiment de plénitude, de sérénité alors que tout en bas l’océan semble en transe. La marche permet de surfer ainsi sur les ailes d’un plaisir simple à la portée du plus grand nombre.

Déjeuner chez l’habitant sur une terrasse, en balcon sur l’océan. Laissant nos jambes au repos c’est au tour de nos mandibules de faire honneur au contenu de l’assiette où les légumes du terroir attendent notre bon vouloir.


L'arche

Le retour sur Ponta do Sol s’effectue paisiblement. Soudain, une silhouette longiligne nous dépasse dévalant la pente en légères foulées, un trailer qui laisse derrière lui quelques effluves le produit de l’activité débridée de ses glandes sudoripares.

Le vent a strié les parois rocheuses exposées à l’océan. L’érosion poursuit inlassablement son œuvre à l’échelle du temps qui n’est pas la nôtre.

Près de notre port d’arrivée nous croisons un groupe de marcheurs dispersés sur deux ou trois cents mètres, manifestement en promenade douce.

4 heures de marche, une douzaine de kilomètres. Ce parcours s’est effectué sans difficultés.

Nous quittons le littoral pour nous enfoncer dans les terres via la vallée de Ribeira Grande. Notre hébergement en pavillons individuels ou jumelés en pierres sèches est situé sur les hauteurs avec vue sur la barrière minérale qui semble nous saluer de l’autre côté de la vallée.

Ici dans l’hôtel Pedracin village quelques uns d’entre nous profiterons de la piscine pour s’y glisser avec volupté.

Sans commentaires


Quatrième jour. Vallée de Joao Alfonso et Cha das pedras


Des paysages, des villages, des hommes.

L’itinéraire part du bourg de Coculi à partir de l’église au style mexicocubain. C’est un parcours varié, une sorte de synthèse de ce qu’offre cette partie de l’île. Des vallées profondes, un habitat dispersé ou regroupé en bourgades, une végétation diversifiée avec des champs de bananiers ou de cannes à sucre, des crêtes dentelées, des flancs dénudés ou verdoyants, des sentiers à la configuration changeante, en terre, piégeux avec de la rocaille, sportifs avec des segments raides ou présentant des montées en escaliers.


Paysage à plusieurs dimensions

Curieux de nature plutôt que l’envie d’une coupe de cheveux avant la randonnée je pointe mon nez dans un salon de coiffure. La place est libre mais je ne vais pas couper les cheveux en quatre et compliquer la tâche de mes compagnons et de Domingo. Je renonce donc à occuper le siège vide et fait un clin d’oeil à Bob Marley dont le sourire semble me dire « cool mon gars».

Désolé Bob, mon crâne dégarni ne se prête pas au jeu des dreadlocks

La visite de l’église nous insuffle une dose de spiritualité avant d’actionner la pompe cardiaque, de saisir nos bâtons de randonnée et de tracer la route avec nos jambes affûtées se déplaçant comme des compas sur la feuille blanche de l'écolier.

Intérieur sobre. Le portrait de Jean-Paul II est posé sur un socle. Au mur une sculpture baroque, un coeur enrubanné de barbelés surmonté d’une croix environné par les flammes.

Sur chaque marche d’accès au porche au nombre de six est inscrite une des qualités propres à ce qu’on attend d’un bon chrétien. Aujourd’hui en tant que randonneur, je fais miennes l’Humilité qui m’éloigne du péché d’orgueil dans les défis que l’on se jette, l’ Espoir d’une météo favorable qui tourne le dos à la pluie, la Foi en une journée qui nous ravit les sens et nous apporte confiance et sérénité.


Croyances et valeurs

Une forme d’émotion nous envahit quand nous croisons la route du cimetière. Il est magnifique avec toutes ces croix blanches qui tendent leurs bras vers un ciel nuageux et les crêtes tourmentées qui semblent les protéger, gardiennes pour l’éternité.

L'amour au-delà de la vie

Nous parcourons les allées. Nous nous arrêtons devant telle ou telle tombe. Une d’entre elles retient mon attention. Deux stèles reliées par un segment horizontal sur lequel est inscrit une phrase forte symbolisant l’union pour la vie, celle sur terre et celle d’après.


La chaîne montagneuse une gardienne pour l'éternité

En grimpant le long d’une voie carrossée nous aurons longtemps ce cimetière en point de mire, tache blanche s’amenuisant placée au coeur d’un amphithéâtre sublime.

Puis nous entrons dans le vif du sujet en empruntant des sentiers terreux et faciles. Nous croisons une femme portant sur la tête un fagot de fourrages, des enfants partant à l’école. Pour les habitants de ces zones isolées la marche est comme une seconde respiration, une activité naturelle. Les deux jeunes écoliers timides que nous avons salués lors d’une pause vont peut-être marcher une heure ou deux pour se rendre dans leur classe. Marche obligée. Ce n’est pas notre cas . Mais bon, la marche c’est aussi un moyen de se ressourcer, de penser, d’échanger.

Sur le chemin du retour de l'école

L’histoire regorge de philosophes et de penseurs pour qui la marche alimentait leur réflexion. Aristote, Platon, Rousseau...et Simone de Beauvoir qui dans sa première jeunesse pouvait parcourir 30 kilomètres dans la journée… alors que pendant ce temps Sartre mordillait sa pipe la tête penchée sur une feuille qu’il noircissait de sa patte de mouche de grand myope.


En pente douce pour les jambes, un régal pour les yeux

Un peu partout sur les pentes et les rares coteaux un habitat dispersé ou groupé offre un visuel un peu gris avec les constructions en parpaings nus. Certaines ont le niveau supérieur inachevé...leur occupant attendant d'avoir les moyens d'achever les travaux.

Quelques grimpettes nous permettent de prendre de la hauteur et de jouir de points de vue sur la vallée et les sommets. Quelques flamboyants nous saluent et exhibent avec fierté leur chevelure de feu. Ces arbres sont magnifiques.


La nature s'expose comme un tableau

Nous faisons une pause appréciée pour le déjeuner.

On nous sert le menu habituel avec la patate douce, le manioc et autres légumes accompagnés de maquereaux. Mais c’est aussi l’opportunité de faire honneur au plat national la Cachupa. Je garnis mon assiette de cette soupe ou de ce ragoût d’haricots rouges et blancs secs, de maïs, de choux, de manioc où flottent aussi quelques tranches de lard ou de morceaux de poulet. Contrairement à ce que je pensais cette nourriture glisse onctueusement dans le gosier.

La Cachupa, le plat national

Nous poursuivons notre randonnée en empruntant des sentiers bordurés de hauts murets, escortés par les feuilles de bananiers et les flèches élégantes et argentées couronnant la canne à sucre.


Une éclaircie

Puis en file indienne nous escamotons les marches taillées dans la roche avec pour récompense la jouissance d’un beau point de vue sur la vallée. Quelques maisons isolées exposent leur crâne en chaume reposant sur des murs en pierre. L’une d’entre elles est perchée sur une étroite plateforme. La porte d’entrée est située à moins de deux mètres du vide. Une nuit agitée, un sommeil non réparateur, un manque de vigilance au petit matin et c’est peut-être la bascule. Pourquoi diable faut-il de ma part jouer à l’oiseau de mauvais augure ?


Un pas de plus et...

Je le répète, l’île de Santo Antao est un peu la jumelle de l’île de Madère. En témoignent ces petits canaux qui nous accompagnent ou que nous croisons, un système d’irrigation qui permet la culture sur les terrasses habillant les flancs escarpés des montagnes.

Levada. Sillon de vie

Cette quatrième journée s’achève en fond de vallée quand nous retrouvons la route que nous avions en vue depuis les hauteurs.

Ce soir la lune joue à cache-cache avec les nuages, les étoiles semblent proches, un paon, hôte permanent de l’hôtel, jette son cri si particulier. On dira qu’il criaille. Il est temps de faire tourner la roue du sommeil qui m’emmènera jusqu’au lendemain , dernière journée de randonnée.

Horizon bouché

Dernier jour de randonnée. Vallée de Janela profonde et tourmentée


Janéla au bord de l’océan point de départ d’une randonnée plus chahuteuse que les jours précédents. En clair un dénivelé de 500m tant en montée qu’en descente.

Le temps est couvert et nimbe le paysage d’une lumière grise. On redoute la pluie qui sur cet itinéraire rocheux est propice aux glissades. Quelques gouttes vont nous accompagner puis pris de remords le ciel s’est contenté de nous observer derrière son manteau nuageux.


Ligne de crêtes

Ce relief vertical nécessite sans cesse de consolider les murets, sortes de digues tentant d’éviter les éboulements. Quelques ouvriers délaissant le recours à la mécanique actionnent mains, bras et épaules pour transporter et ajuster des pierres sur les parties fragilisées.

1000m après le début de la randonnée l’histoire de l’île s’invite près d’un méandre de la rivière qui baguenaude au fond de la vallée encaissée. Un monolithe aux dimensions impressionnantes - on suppose éjecté lors d’une éruption volcanique - reposant sur un socle rocheux impose sa présence. Son intérêt réside dans les gravures rupestres qui strient ses flancs. Des inscriptions en caractères inconnus peuvent être repérées parfois recouvertes par de la mousse ou des lichens. Une croix est lisible. Daterait-elle des premières présences portugaises et du début de la christianisation de l’île ?

Hardis les jarrets, hauts les coeurs

L’itinéraire laisse très peu de segments plats. Nous cheminons sur des sentiers rocailleux qui par temps de pluie exigeraient une attention constante. Ici et là nous contournons des rochers qui forment des éboulis. Sur ces pentes très raides des morceaux se détachent des flancs des murailles dominatrices. A la sortie du village de départ sur les hauteurs un lavoir attend ses utilisateurs. La marche mobilise nos efforts . Nos jambes agissent comme des leviers qui progressivement nous font prendre de l’altitude.

Un camaïeu de vert

Maintenant nous pouvons mesurer la distance parcourue. Le fond de la vallée s’éloigne, s’efface. Nous accrochons au plus près désormais les pentes du regard. On espère en vain une trouée lumineuse qui désagrégerait la gangue nuageuse qui enveloppe les sommets. Sur cet alignement de pics et de crêtes un ciel d’un bleu profond devrait pouvoir enflammer la vue et capter l’attention de l’objectif de l’appareil photo. Ce n’est pas le cas. Mais la vue est néanmoins superbe. Le voile qui chapeaute les cimes met d’autant plus en valeur les nuances subtiles de ses flancs.


Habitat isolé

Néanmoins, cette écrasante présence des parois rocheuses et moussues et la large faille qui a entaillé la montagne ne nous angoissent pas mais créent une atmosphère de mystère et de beauté sauvage. Dans cet environnement que l’on peut qualifier d’hostile pour la vie quotidienne quelques maison isolées habitées distillent une forme d’humanité. Devant cette maison au pied d’une immense canine rocheuse on mesure d’autant plus son isolement Des colonnes vertébrales en pierre dévalent les pentes comme une minimuraille de Chine verticale. Certaines se penchent prêtent à s’affaisser. Curieux. Main de l’homme ou processus naturel ?

On fait une pause, on se retourne pour évaluer le chemin parcouru depuis le fond de vallée

Tout à coup un cri déchirant comme une bête à l’agonie transperce l’ouïe et le coeur. C’est une chèvre qui s’est enroulée le cou dans sa longue laisse. Besoin vital d’intervenir. Domingo prudemment descend la pente herbeuse pour rejoindre l‘animal en souffrance et en panique isolé sur une petite plateforme. Domingo agit comme un secouriste. La chèvre est libérée. Soulagement.

Un dernier effort avant de jouir de la vue du haut du belvédère

Le col est atteint après avoir gravi un sentier abrupt où l’aide des mains a été parfois nécessaire. Point de vue impressionnant sur la vallée que nous allons rejoindre avec au loin l’océan qui pointe son nez. A cet endroit nous faisons une petite pause pour jouir du paysage, mesurer l’altitude atteinte en observant le fond de vallée et avaler quelques biscuits.


Sommet mamelonné

Des potagers sont cultivés. La production paraît juteuse à voir la taille des courges presque à maturité alanguies paresseusement sous les nuages et les alizés.


S'il vous manque des prémolaires...

La descente par des escaliers pavés fait grincer mes genoux. Les bâtons de marche aident en amortissant les chocs. Je navigue en queue de file attentif à ma pose de pieds comme Harpagon surveillant sa cassette. En effet en ce moment mes jambes et mes pieds sont mes seules richesses. Attentif à ma marche je délaisse le paysage qui m’entoure.


Mes genoux n'ont pas aimé

Une rencontre avec un groupe d’écoliers. J’initie l’un d’entre eux à la prise de photos et au maniement de mon appareil numérique. Il se prend au jeu et juste retour des choses nous sommes mitraillés par le photographe en herbe.

Parmi eux un futur photographe

Le retour vers le port de Porto Novo où nous attend le ferry s’effectue par la route côtière asphaltée.

En attente du ferry

Nous retrouvons notre résidence de départ à Mindelo.

Mindelo est une ville où on respire un parfum cubain, brésilien, africain. Un ville où coule dans ses veines une vie artistique, culturelle, festive.

Ah la fête et les fêtards. Chaque année le Mardi Gras avant l’entrée dans le Carême se déroule le carnaval de Mindelo. Il est incontournable même si au contact de la notoriété il perd un peu de son authenticité. Il attire des centaines de milliers de personnes, parmi elles des membres nombreux de la diaspora. La grande Cesaria Evora avait l’habitude de dire que l’ile de Sao Vicente et Mindelo en particulier était un petit Brésil.

On prépare depuis de longs mois cet événement qui conjugue joie de vivre et décontraction.

Ce soir des notes de musique, le son des tambours nous accompagnent. Pour le Carnaval, on répète, on s’entraîne. Il y a de la compétition dans l’air. Lors du carnaval on décerne de multiples prix, reine du carnaval, plus beau char, plus beau costume, meilleure musique…


Je couds, tu couds, elle coud...Cette couturière conjugue elle aussi dextérité, vitesse et bon humeur

Le lendemain notre curiosité nous fait franchir un porche qui débouche sur une vaste cour fermée. C’est un lieu où on fabrique des chars, confectionne des costumes. Des murs aux couleurs fatiguées hébergent des peintures. Un requin volant semble sortir d’un mur, le visage de Cabral, un des pères sinon le père de l’indépendance du Cap Vert et de la Guinée Bissau attire notre attention avec son regard intense. Une grosse tête en carton pâte fixe le ciel de son regard vide, un corps de femme à la poitrine fellinienne dénudée repose sur ses jambes coupées à mi-cuisse.

Mise au placard ou prête pour un nouveau défilé ?

Ici on recycle aussi des objets ou des matériaux. Est-ce un mode de développement durable mais j’y vois plutôt l’ingéniosité et la créativité au service de l’activité de récupération. De multiples objets issus de la récupération de matériaux et de déchets sont transformés en bijoux, outils du quotidien. Ainsi, un tonneau en fer devient un siège.

Redonner aux objets une autre destination

Le palais du gouverneur héberge le musée consacré à Cesaria Evora

La musique, le chant. Cesaria Evora, la Diva aux pieds nus est native de Mindelo. Il est vrai que son style musical la morna un tantinet mélancolique semble détonner avec la spontanéité et la verve capverdiennne mais sa voix et sa présence humaine sur scène et dans la vie l’ont fait devenir une chanteuse populaire connue dans le monde entier et en particulier en France. Visiter le musée à l’ambiance intimiste et pleine d’émotion était pour moi une évidence.


Evora une grande artiste généreuse et ô combien humaine
Une foule immense lors de ses obsèques

On peut consacrer deux jours à la visite de Mindelo. Certains lieux valent le détour. On peut avoir une attirance particulière pour les lieux de vie.


La communication un art difficile ou tout simplement un dialogue de trottoirs. Au choix

Le marché aux poissons n’est pas indiqué pour les personnes ayant l’odorat sensible quoique avec le masque...Dans cet univers clos on peut s’enivrer des effluves profuses qui se dégagent des étals. Ils regorgent de poissons d’une diversité folle en termes de forme et de taille. Une murène à même le sol enrage de ne plus pouvoir dégainer son arme fatale, un énorme saumon se désole de n’avoir pu remonter le cours de la rivière pour y pondre avant d’exhaler son dernier soupir. Par dessus les étalages volent les éclats de voix, les rires en rafale, les bordées d’interpellations. La vie quoi.


Murènes, thons , seiches
Déjeuner sur le pouce

Place de l’étoile où se déroule le marché ouvert le pittoresque se situe un cran au-dessous quoique... Sur la place centrale et les rues adjacentes coexistent vendeurs autorisés et capverdiens adeptes de la vente sauvage et ceci dans un joyeux désordre apparent. Des bassines en plastique remplies d’eau débordent de poissons. Des espèces séchèes sont alignées à même le sol. Des régimes de bananes, des noix de coco sont laissés en liberté sans la surveillance de leur maître. Des mâchoires de requin exhibent leur dentition à faire frémir le plus hardi des surfeurs.Décontraction, bonne humeur, spontanéité, naturel sont les ingrédients de cette ambiance qui ravit les sens, attire le regard et booste l’énergie et vivifie le moral.


Vendeuse de rue
Je vous en prie servez-vous...
La rue en scène

Les fresques en azulejos, typiques de la culture portugaise, rythment nos pas dans les allées du bazar. Elles illustrent et racontent des scènes du passé de la ville.

Azulejo. Les lavandières

Pour les visiteurs qui veulent faire une pause les restaurants sont nombreux et capables de flatter leur palais.

C’est notre cas. Dans un restaurant qui se préparait à accueillir le soir les convives d’un mariage on ne pouvait pas faire mieux que d’inviter des langoustes à notre table.

Nous les avons décortiquées avec plus ou moins d’habileté. Moi gaucher contrarié j’ai essayé de maîtriser les outils de chirurgien...finalement laissés sur la table d’opération pour utiliser les doigts. On ne se refait pas.

Le soir on nous invite à assister à une séance d’entraînement de la Capoeira, un art martial afro-brésilien qui marie lutte, danse, acrobaties. Domingo nous explique l’origine de cette pratique liée à l’esclavagisme.


Une figure de Capoeira. Si cela vous tente

Nous passons une heure à voir virevolter les lutteurs-danseurs qui utilisent toutes les parties du corps en défiant les lois de la gravité. L’accompagnement par la musique et les chants crée une ambiance entraînante, joyeuse. A l’invitation du groupe certains des spectateurs-visiteurs se lancent dans l’aventure avec un peu de réserve ou d’appréhension pour certains. Ce sera leur première leçon. La chaleur de l’instant fera la différence.


A vous de jouer

Le groupe est reparti. Seul le dimanche veille de mon retour je baguenaude dans les rues animées de la capitale de l’île. Les façades des maisons les plus anciennes le long de voies étroites et pentues arborent des couleurs vives. L’architecture coloniale est aussi présente. Des bâtisses aux murs fatigués et aux couleurs délavées tranchent avec la luxuriance de ses consœurs.

Quartier colonial ancien
Palais du gouverneur

Mais on peut y trouver un certain charme comme cette place de l’église accueillant des palmiers. Face à l’église Nossa Senhora da Luz des personnes assises sur un muret immobiles et silencieuses attendent on ne sait quoi.

Le temps immobile

En fin de journée mes pas longent le port en direction du Nord et de la plage de Laginha, un mince ruban de sable prisé par les familles le week-end. Aujourd’hui plusieurs centaines d’écoliers sous la conduite des professeurs et sous le regard des parents se livrent à des activités sportives collectives.


Plage de Laginha
Compétition scolaire

Près du port un mur long d’une centaine de mètres est constellé de peintures à la fois naïves et explicites évoquant les gestes à privilégier pour préserver notre environnement et limiter les risques portant atteinte à la biodiversité. Une tortue, symbole du Cap Vert, enfonce le clou en exposant sur son dos un tas de déchets.

Sauvegarder la planète, préserver la biodiversité

Une dernière fois je me laisse glisser sur un toboggan de plaisir simple et de bonheur serein en longeant le port ouvert sur une baie animée.

Demain je retourne vers l’hexagone.


Au revoir

Je vous invite aussi à découvrir le Cap-Vert qui offre comme un kaléidoscope de plaisirs, d’activités, de rencontres, de folâtreries. Il y a de quoi faire entre apprendre à vivre près d’un volcan actif avec les coulées de lave sur l’île de Fogo, arpenter avec volupté les magnifiques plages de sable blanc de l’île de Maio, respirer à pleins poumons dans le parc naturel de Monte Gordo sur l’île de Sao Nicolau, satisfaire sans honte un besoin de farniente ou s’adonner aux plaisirs d’activités nautiques sur l’île de Sal.



par websitebuilder 5 décembre 2022

Cette route est un road trip à part entière qui fait voyager entre terre et mer. Nous l’avons prise à partir de Carmel jusqu’à notre petit cottage situé à Pismo Beach, traversant sa partie la plus intéressante qui s’étend de Carmel à San Simeon : bienvenue sur le Big Sur.

par websitebuilder 16 novembre 2022

Le quartier hippie

  Notre road trip a commencé à San Francisco, ville marquée dans notre imaginaire collectif par le « Summer of love » de 67 et je me suis demandée si « la maison bleue adossée à la colline » existait bel et bien et si les rues sont encore emplies du parfum mythique de « tous les hippies de San Francisco, plein d’amour brûlant dans leurs yeux ».

par websitebuilder 1 août 2019
5 jours en Egypte au mois de décembre 2018, d'Hurghada à Louxor.
par websitebuilder 1 août 2019
« Quien no ha visto Sevilla, no ha visto maravilla », traduction littérale : « Celui qui n’a jamais vu Séville n’a jamais vu de merveille ». 
Ce dicton résume à lui seul cette ville.
Dressée le long du Guadalquivir, sa situation stratégique lui a permit d'être une ville puissante et riche. Grâce à son histoire, Séville a hérité d'un passé arabe et quelques siècles plus tard, elle fut également le principal port de commerce en Europe vers les Amériques au temps de la conquête espagnole.
par websitebuilder 23 mai 2019

Mai 2010

Passer de la climatisation de l’avion à un bain de chaleur voilà le premier contact avec le Vietnam et sa capitale Hanoï. En ce début d’après-midi il fait 40°. Commence notre périple de 15 jours du Nord au Sud.

Cette année 2010 Hanoï fête ses mille ans. L’empereur Ly Thai Tô en 1010, au septième mois lunaire, fonda ce qui allait devenir Hanoï. La vue d’un dragon surgissant du ciel, heureux présage selon lui, l’incita à faire du lieu sa capitale « Thang Long » la ville du dragon qui s’élève.

par websitebuilder 11 janvier 2019
Une échappée hors du temps sur les Backwaters du Kerala
par websitebuilder 17 novembre 2018

Mai 2016. Madame et moi décidons de visiter l’île de Madère située à une portée d’heures de l’hexagone.

L’envie me tenaillait depuis plusieurs années de fouler cette étonnante île volcanique accueillante aux amoureux ou aux passionnés des fleurs, de la nature sauvage, des randonnées pédestres le long des levadas.

par websitebuilder 13 juillet 2018
Le cortège s’échelonne sur plusieurs centaines de mètres et progresse tranquillement. Beauté et sérénité se dégagent de cette houle blanche qui coule sur l’asphalte. Des bannières et des parapluies multicolores se balancent au milieu de ce moutonnement humain. Un étrange animal comme une sorte de monstre à quatre pattes se dandine au milieu d’hommes portant chemise blanche et sarong à damier à carreaux noirs et blancs. Des gongs et des métallophones nimbent l’atmosphère d’une musique syncopée parfois striée par le son d’une flûte...

Nous sommes le mercredi 4 avril 2017. C’est jour de Galungan.


par websitebuilder 16 avril 2018

Lundi 27 novembre 2017

Depuis 7 heures du matin, assis en plein vent à l’arrière de notre bateau sur un fauteuil en bambou, je contemple le sillage qui strie les eaux du fleuve mythique et nourricier du Myanmar, l’Irrawaddy. Il fait froid. Un brouillard digne des brumes du plat pays cher à Jacques Brel nous accompagne depuis le départ de Mandalay. Il nimbe le large et vaste fleuve d’une atmosphère à même de susciter en nous des vapeurs nostalgiques ou romantiques. Par le travers, apparaît une embarcation chargée à ras bord de birmans comme une ombre fantomatique ou un banc de poissons filant sous le nez du plongeur en apnée.

par websitebuilder 9 février 2018

Octobre 2014. Je passe quelques jours à Yogyakarta chez Mien Brodjo, la tante de mon amie Katharina. Un séjour très agréable chez une dame presque octogénaire, active, alerte, très connue à Java et dont le parcours de vie est étonnant.

Kat et ses deux cousines Abi et Rini ( la fille de Mien) ont programmé tôt ce matin un trekking en jeep à proximité du volcan Merapi (montagne de feu ), le plus actif et le plus dangereux des 129 volcans indonésiens et culminant à près de 3000 m.

Nous allons sur les traces de l’éruption meurtrière d’octobre-novembre 2010 qui a fait plus de 300 victimes dont le juru kunci ( le gardien des clés du volcan).

1 heure de route jusqu’au lieu où nous attend le conducteur de la jeep, un javanais au physique viril d’acteur américain. Abi ne semble pas insensible à cette force tranquille qui émane de lui…cela promet !

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